Une analyse de

La COP30 à Belém : Un tournant décisif pour le climat et l’Amazonie

Cop30 au Brésil

La COP30 au Brésil : enjeux et perspectives pour l'avenir climatique

En novembre 2025, la ville de Belém, située au cœur de l’Amazonie brésilienne, accueillera la 30e Conférence des Parties (COP30) sur les changements climatiques. Cet événement international, organisé sous l’égide des Nations unies, réunira les pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Dix ans après l’adoption de l’accord historique de Paris, la COP30 se tiendra dans un lieu symbolique : aux portes de la forêt amazonienne, souvent qualifiée de « poumon de la planète ». Ce choix géographique n’est pas anodin. Il souligne l’urgence de protéger cet écosystème vital tout en renforçant les engagements mondiaux pour limiter le réchauffement climatique.

              Un contexte porteur d’espoir et de défis

Le Brésil, sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva, a fait de la protection de l’environnement une priorité nationale. Après des années de recul sous l’administration précédente, le pays a renoué avec une politique climatique ambitieuse. Lula, qui avait déjà réduit significativement la déforestation lors de ses premiers mandats (2003-2011), s’est engagé à atteindre une déforestation nette zéro d’ici 2030. Cet objectif, bien que ambitieux, est jugé réalisable par les experts, à condition que les efforts soient soutenus et que les financements internationaux soient au rendez-vous.

Cop30 Belem Brésil

Cependant, le Brésil fait face à des contradictions internes. En tant que huitième producteur mondial de pétrole, le pays doit concilier ses ambitions climatiques avec une économie encore largement dépendante des énergies fossiles. Le projet controversé d’exploitation du gisement offshore de la « Marge équatoriale », soutenu par Lula, illustre cette tension. Pour la secrétaire brésilienne au Climat, Ana Toni, il est essentiel que le Brésil participe activement au débat sur la transition énergétique, tout en utilisant les revenus du pétrole pour financer cette transition.

Les enjeux de la COP30

La COP30 se déroulera dans un contexte mondial marqué par des défis majeurs. Alors que les effets du changement climatique s’intensifient, les engagements pris par les États restent insuffisants pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, comme prévu par l’accord de Paris. Les principaux enjeux de cette conférence sont les suivants :

Réévaluation des engagements nationaux

La COP30 sera l’occasion pour les pays de revoir leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN). Ces engagements, qui définissent les efforts de chaque État pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, doivent être renforcés pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Le Brésil a déjà annoncé une révision à la hausse de ses ambitions, visant une réduction de 67 % de ses émissions d’ici 2035 (par rapport à 2005).

Financement climatique

Les pays du Sud, particulièrement vulnérables aux impacts du changement climatique, réclament davantage de financements pour s’adapter et atténuer les effets du réchauffement. La COP30 devra aborder la question des ressources financières dédiées à la transition écologique, notamment via des mécanismes innovants comme une taxe internationale sur les patrimoines ou sur les billets d’avion.

Protection de l’Amazonie

En accueillant la COP30 en Amazonie, le Brésil place la protection des forêts tropicales au cœur des discussions. La déforestation, responsable d’une part importante des émissions mondiales de CO2, doit être stoppée pour préserver la biodiversité et stabiliser le climat.

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Transition énergétique

La sortie progressive des combustibles fossiles sera un sujet clé. Alors que certains pays, comme les États-Unis et la Norvège, continuent de produire du pétrole tout en plaidant pour la réduction des émissions, la COP30 devra trouver un équilibre entre ces réalités économiques et les impératifs climatiques.

Les objectifs de la COP30

La COP30 vise à relancer la dynamique internationale en faveur du climat. Parmi ses objectifs principaux :

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Accélérer la mise en œuvre de l’accord de Paris en renforçant les CDN et en assurant leur alignement avec les objectifs de neutralité carbone.

Mobiliser des financements climatiques pour soutenir les pays en développement dans leur transition écologique.

Protéger les écosystèmes critiques, notamment l’Amazonie, en mettant en place des mécanismes de financement innovants et en renforçant la coopération internationale.

Encourager l’innovation technologique et le déploiement des énergies renouvelables, dont les coûts ont considérablement baissé ces dernières années.

Un leadership brésilien à l’épreuve

La nomination d’André Corrêa do Lago, un diplomate expérimenté, à la présidence de la COP30 a été saluée par les défenseurs de l’environnement. Sa mission sera de garantir un dialogue constructif entre les parties prenantes, tout en maintenant la pression sur les États pour qu’ils respectent leurs engagements.

Cependant, le succès de la COP30 dépendra aussi de la capacité du Brésil à incarner un leadership crédible. En dépit de ses contradictions, le pays a l’opportunité de montrer la voie en matière de protection des forêts et de transition énergétique.

Conclusion

La COP30 à Belém représente un moment charnière dans la lutte contre le changement climatique. Dix ans après l’accord de Paris, il est temps de passer des promesses aux actions concrètes. En choisissant l’Amazonie comme cadre de cette conférence, le Brésil rappelle au monde que la survie de la planète est indissociable de la protection de ses écosystèmes. Reste à savoir si les États sauront saisir cette opportunité pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire climatique, plus ambitieux et plus solidaire.